jeudi 14 mai 2015

Partir, c'est revivre un peu...

Dans cinq jours, je m'envolerai pour la Polynésie française. Trente-trois ans après mon premier voyage dans ces îles enchanteresses, l'augure d'y retourner me fend de deux sentiments: relative angoisse et immense joie. L'angoisse que ce petit paradis ait évolué au point que je ne le reconnaisse plus. En 1982, la vie s'écoulait là-bas dans la douceur et l'insouciance typiques des "eighties". Je crains que l'agitation et le stress ne soient, comme dans les nations qui m'abritent et m'entourent, parvenues jusqu'à Tahiti et ses archipels voisins. Raison pour laquelle j'ai expressément choisi tous mes hébergements (23 nuits sur place) dans des pensions traditionnelles et familiales. Les grands complexes de luxe, bourrés de touristes (en majorité américains) bruyants, tous agglutinés autour des buffets à volonté constituant les repas, merci, très peu pour moi...


Immense joie, parce que le souvenir des paysages, des parfums, des marchés grouillant de vie et de l’odeur envoûtante du monoï, le soir sur le port de Papeete, de la gentillesse des autochtones, des petits spectacles de musique et danse tahitiennes (que j'adore), sont toujours présents et demeurent très vifs dans ma mémoire. J'imagine déjà mon arrivée à Tahiti, au petit matin (tout comme en 82), plongeant dans cette onde tiède et bienfaisante qui s'empare de tout votre corps avec, en face de l'aéroport de Papeete-Faaa, les contours nets et précis de la divine Moorea se découpant dans l'horizon baigné des premières lueurs du jour. Ce moment-là, je le sais, constituera une intense émotion et, même s'il ne pleut pas, pas sûr que mes joues demeurent entièrement sèches au moment de fouler le sol de cette terre, un tiers de siècle plus tard...


Et puis, il y aura les Marquises, immédiatement, dans la foulée. Le retour sur l'île d'Hiva Oa, les retrouvailles avec Atuona et son cimetière, situé sur les hauteurs du village, avec Gauguin et, surtout, Brel qui s'y reposent, le "Grand Jacques" pour qui j'avais décidé de me rendre alors en Polynésie pour la première fois. Au pied de sa tombe, que je venais fleurir de bougainvillées tous les matins des sept jours passés là-bas, l'émotion sera immense et sans doute aussi intense que le 30 avril 1982, lorsque je découvrais la sépulture de l'homme pour lequel j'éprouvais (ça n'a pas changé) la plus grande admiration. A Hiva Oa, je demeurerai également une semaine. Sur ces terres d'une sauvage beauté, je sais déjà que je trouverai l'endroit idéal et propice à ma réflexion, dix mois après avoir basculé dans la dernière étape de ma vie, celle de la retraite. Avant d'atteindre cette dernière, j'avais sérieusement envisagé de venir m'installer ici. Mais ma forme physique et mes gros problèmes de dos, l'absence de bonnes infrastructures médicales sur place, m'ont dissuadé de le faire. Mais, y étant revenu, je me prends parfois à rêver de remettre cette décision en cause...

Au programme donc, Hiva Oa (7 jours), puis Moorea (4), Raiatea et Tahaa, situées dans le même lagon (4), Bora Bora (5) et, pour finir, Tahiti (3). Le retour à Bora Bora, la plus belle île et le plus beau lagon du monde, promet d'être également très émouvant. Je sais déjà qu'un jour sur place, faisant fi de probables douleurs au genou, engendrées par ce dos qui me pourrit la vie depuis deux ans, je gravirai la pente ardue de la colline faisant face à la seule passe dans le récif donnant accès au lagon. Et je sais que là-haut, dans le petit "bunker" situé juste derrière les deux gros canons érigés durant la guerre afin de défendre l'entrée du lagon, je me mettrai à la recherche, sur les murs, de cette paire d'initiales gravée dans l'un d'entre eux. Y retrouver les "CB/GA" constituerait une émotion de plus, persuadé que je suis encore d'être allé cacher ma peine à l'autre bout du monde, jadis, par simple et gros dépit amoureux. Car oui, l'hommage que je désirais rendre à Jacques Brel n'était que la seconde raison de mon premier voyage en Polynésie...

A cinq jours du départ, j’écris tout cela la tête remplie de souvenirs. Mais les espoirs qu’ils génèrent ne seront-ils pas déçus ? Beaucoup de choses auront changé, c’est certain. Malgré cela, je sais que des détails matériels peut-être radicalement différents, jamais ne pourront m’empêcher de retrouver les endroits qui furent la source de tant de belles images. Et si les îles ne ressemblent plus vraiment à celles que j’ai connues autrefois, je sais que je trouverai en elles d’autres beautés, d’autres trésors, tant dans ce domaine la panoplie qu’elles affichent est vaste et multiple. On ne peut pas revenir de ce petit paradis terrestre la mort dans l’âme pour ne pas y avoir trouvé son compte…



A condition que le Wifi soit performant dans les îles (ce qui n'est pas garanti partout), à partir du 19 mai ce blog va conter et illustrer au mieux ce périple. Un retour aux sources que je suis heureux et vraiment très impatient d'entamer…



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