Jour J-3...
La tension monte. En même temps, elle se concentre sur la première partie de ce voyage, les vols transocéaniques : départ de Genève à 14h50, arrivée 33 heures plus tard à Atuona, chef-lieu de l'île marquisienne de Hiva Oa, le tout avec Air France (Genève-Paris-Los Angeles-Papeete) et Air Tahiti (Papeete-Nuku Hiva-Hiva Oa) et plus de 25 heures de vol. Bouger aussi souvent que possible dans l'avion est primordial, dormir aussi (20 heures de vol entre Paris et Papeete), mais le jet lag dans ce sens (-12 heures pour Tahiti, -11h30 pour Hiva Oa) n'est pas vraiment un problème; enfin, ça n'en était pas un il y a 33 ans...
Pour le reste, je suis serein et convaincu que ces retrouvailles avec la Polynésie ne me décevront pas. Pour m'en convaincre, il n'est besoin que de relire les lignes qui suivent et qui résumaient alors mon arrivée à Papeete, le 23 avril 1982...
… Il fait encore nuit lorsque le DC-10 blanc-bleu-vert d’UTA entame sa
descente vers Faaa. Après vingt-huit heures de voyage, dont vingt de vol, je
prends contact avec le sol de la Polynésie française. Je pose un pied sur la
plus grande des Iles du Vent. Un rêve est en train de prendre forme. Il est six
heures du matin, il fait déjà chaud et l'humidité est bien présente. Je suis heureux de débarquer
mais exténué pour n'avoir somnolé que deux ou trois heures pour tout le voyage. J'ai envie de dormir dans un lit, de rêver de ce paradis qui
m'accueille à bras ouverts. La voiture de location m'attend, je m'assois à son volant afin de rejoindre l’hôtel
Tahiti, situé à mi-chemin entre l’aéroport et Papeete. Mais à cette heure-là,
la chambre n'est pas prête et l'on me demande de revenir à dix heures. Plus de trois
heures à patienter. Je tombe de sommeil et, sur le parking de l’hôtel, je m'enferme
dans la Peugeot 504 et m'endors profondément…
Soixante minutes plus tard, je me
réveille en sursaut : le soleil frappe avec insistance sur la vitre de ma
voiture et sur mon visage. Je suis en nage. Je m'extirpe de l'auto et fais quelques pas. Le temps est magnifique et je décide de partir à la recherche d'un point de
vue me permettant d'admirer l'île et l'océan. Au volant de la voiture,
j'escalade une petite route montant à flanc de colline. Après quelques minutes,
je me gare sur un petit promontoire dominant, à gauche l'aéroport de Faaa, à
droite la ville de Papeete et, droit devant, l'île de Moorea. Le panorama est
époustouflant! Tout alentour, des bougainvillées rouges (mes fleurs préférées)
forment des bouquets immenses, touffus et flamboyants. Le Pacifique, d'un bleu
intense, est à peine fripé par la caresse diurne et permanente des alizés; Moorea m'apparaît
dans toute la splendeur de son relief, découpé comme fine dentelle et ancré aux confins d'un ciel absorbé par l'élément liquide. D'une sauvage beauté, inoubliables, Tahiti et Moorea sont les premières images d'un rêve enfin concrétisé...
L'émotion est telle que mes yeux se voilent et que Moorea
devient floue devant moi. Le paradis est ici! J'en suis alors certain et, dans
mon cœur éclaté, je sens monter l'onde d'une chaleur bienfaisante qui finit par
inonder mon corps tout entier…
30 avril 1982. Escale à Nuku Hiva, en route pour Hiva Oa. Fokker F-27 d'Air Polynésie |
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